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Entrée en Ehpad d’un proche : les conseils d’une psychologue

— Publié le 10 octobre 2023

Entrée en Ehpad d’un proche : les conseils d’une psychologue

Quand le maintien à domicile de leur parent n’est plus possible, les proches doivent souvent se résoudre à envisager un déménagement en maison de retraite. Souvent mal acceptée par la personne âgée, l’entrée en EHPAD est également très douloureuse pour les aidants familiaux qui ressentent alors un sentiment de culpabilité. Comment surmonter ce moment difficile ? Véronique Cayado, Docteure en psychologie, spécialiste du vieillissement, nous donne quelques conseils.

Une transition à aborder en douceur

Pour que l’entrée en maison de retraite soit la moins éprouvante possible, l’idéal serait de la préparer en amont petit à petit. Malheureusement, nous avons tendance à envisager le placement en institution seulement face à l’épreuve. C’est donc bien souvent dans l’urgence, après une hospitalisation, que l’on se met à parler d’Ehpad, quand il n’y a plus le choix finalement. C’est un peu différent pour les personnes dont la perte d’autonomie est progressive. On essaie d’en parler mais le sujet met mal à l’aise. Quand on l’aborde, c’est parfois à bout de nerf, épuisé. L’Ehpad prend alors des allures de punition : « si ça continue comme ça papa, si tu refuses tout, tu ne pourras plus rester ici ! ».

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    Certaines familles arrivent à aborder le sujet plus sereinement, mais bien souvent dans ce cas-là, c’est le parent âgé qui fait la sourde oreille. Pour Véronique Cayado, « Il y a tellement d’affects dans les familles qu’il est extrêmement difficile d’aborder cela entre enfants et parents. Parfois, il peut être préférable de déléguer l’approche à une personne plus extérieure, comme le médecin traitant. Il ne faut pas oublier que la rupture de vie qu’est l’entrée en EHPAD signifie tellement de choses pour la personne ! C’est le deuil d’une vie que l’on s’était forgée à son image, de souvenirs, d’habitudes… ».

    Autant que possible, il importe d’impliquer son proche âgé dans la décision d’entrée en EHPAD. Par exemple, on peut sélectionner avec lui plusieurs structures correspondant à des critères importants à ses yeux. « Même quand les capacités de discernement de son parent sont altérées, il est important de chercher son assentiment. Cela peut se faire par petites touches, en expérimentant l’accueil de jour de manière à se familiariser avec ce nouvel environnement et ainsi l’associer à des moments agréables. » poursuit Véronique Cayado.

    Accueillir les émotions de votre proche

    Sans édulcorer la réalité, il faut savoir se montrer rassurant à l’égard de son proche âgé. La maison de retraite est un logement, pas une prison. Il pourra garder une partie de ses meubles, personnaliser la décoration de sa chambre, organiser une partie de son temps. Il ne sera pas seul et recevra des visites.

    La communication reste donc la base, même si l’on sait tous à quel point bien-communiquer est compliqué. Alors il s’agit de faire au mieux pour expliquer son point de vue sans rejeter les émotions de son proche. Il faut entendre sa réticence en lui permettant de l’exprimer pleinement. Sur le plan psychologique, il est en effet essentiel d’accueillir les angoisses, la frustration, et parfois la colère de son proche âgé.

    « De toute façon, je vais crever et vous serez tranquille ! »
    « Ne dis pas de bêtise maman, tu ne vas pas mourir ! »

    Demander de l’aide pour mieux accompagner l’autre

    En tant qu’aidant, certains propos peuvent être très violents et difficiles à entendre, surtout quand ils évoquent la mort. Pour Véronique Cayado, il faut essayer de chercher en soi d’autres réponses que l’évitement ou l’atténuation. En effet, ce sont des réactions naturelles, mais qui nient le ressenti de l’autre.

    La psychologue explique : « Personne ne se met en colère sans raison. Balayer les réactions négatives de son parent parce que cela vient compliquer une situation déjà bien difficile à gérer, cela ne fait qu’envenimer les choses. Parce que derrière cette émotion, la personne exprime un besoin. Elle est en colère parce qu’elle se sent abonnée, ou flouée. Elle sent que ses capacités déclinent et a du mal à accepter de dépendre de ses proches. Entendre son besoin de se sentir appartenir, que son avis soit considéré, ou d’être valorisée malgré les pertes en vieillissant : tout ceci compte beaucoup. Reconnaître les émotions de son proche, c’est respecter son individualité. Et si l’on perçoit l’angoisse et le besoin qui sont derrière, cela peut aider à trouver les moyens de lever un peu les freins ».

    Il ne faut pas négliger non plus le risque dépressif. N’hésitez pas, en cas de doute, à en parler à son médecin traitant. Pourquoi ne pas faire appel à un psychologue pour être accompagné dans ce moment ô combien difficile ? Des psychologues sont également présents dans les maisons de retraite pour soutenir les résidents.

    Enfin, il est important de savoir que si la santé de son proche le permet, l’entrée en EHPAD peut se faire progressivement, sur plusieurs mois. Dans un premier temps, il peut tout d’abord s’y rendre en accueil de jour et rentrer à son domicile la nuit. De même, il existe d’autres options que la maison de retraite, comme l’accueil familial. Enfin, n’hésitez pas à vous renseigner sur le site de Papyhappy. Ce site permet de connaître les options d’hébergement pour seniors disponibles dans votre zone géographique.

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