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Les secrets des couples qui durent 

— Publié le 12 février 2024

Les secrets des couples qui durent 

En 2016, l’INSEE* révélait que deux tiers des mariages ayant eu lieu en 1980 étaient toujours aussi solides. Et cet épanouissement conjugal n’est pas réservé aux premières unions ! Après 50 ans, de nombreuses personnes célibataires, divorcées ou veuves retrouvent l’amour et entament une nouvelle histoire, qu’elles décrivent souvent comme étant encore plus épanouissante que les précédentes. 
Alors, quel est le secret de ces couples qui durent ? Quelles sont les clés qui leur permettent de traverser les épreuves et d’entretenir une relation solide, malgré les hauts et les bas de la vie ? Avec Véronique Cayado, Docteure en psychologie spécialiste du vieillissement, nous avons identifié dix secrets de couple qui durent.

1. L’attention portée à l’autre

Cela peut paraître évident, et pourtant : s’intéresser aux goûts de l’autre, à ses émotions ou à son humeur du moment est essentiel ! Pourtant, la norme du couple est si forte que certains prennent leur relation pour acquise, comme si elle coulait de source. Si l’autre partenaire a l’impression de ne plus être vu, de faire partie du décor… Alors l’histoire d’amour risque de péricliter.

Ainsi, quand on leur demande comment leur couple tient depuis si longtemps, de nombreuses personnes évoquent les petites attentions du quotidien. « Quand je me lève le matin, mon café est toujours prêt sur la table de la cuisine », « Elle m’accompagne à tous les concerts de Florent Pagny car j’en suis fan ». À chacun de trouver les habitudes et les gestes qui iront droit au cœur de son/sa partenaire !

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    2. L’estime de l’autre

    Accepter les imperfections de son partenaire plutôt que de chercher à le changer est une forme de sagesse. Pour autant, d’après les témoignages que nous avons recueillis, il y a toujours une part d’admiration et d’enthousiasme qui vient raviver la flamme.

    En réalité, lorsque la routine s’installe et que l’on croit connaître l’autre par cœur, on ne voit plus vraiment les qualités qui nous ont subjugué à la première rencontre. Et pourtant, au détour d’une conversation ou d’un voyage, elles vont venir se rappeler à nous et raviver le désir. Finalement, pour la philosophe Cynthia Fleury, admirer c’est « reconnaître à son partenaire sa singularité, son “irremplaçabilité”, et être séduit par sa liberté ». C’est redécouvrir l’autre et le regarder avec des yeux nouveaux.

    3. L’intimité

    Pour expliquer la longévité de leur relation, beaucoup de couples parlent de l’intimité. Cela ne se résume pas à la vie sexuelle, loin de là ! L’intimité, c’est aussi tous les gestes de tendresse du quotidien, les rituels que l’on construit ensemble, et surtout le temps que l’on accorde à l’autre pour se retrouver les yeux dans les yeux.

    « Avec mon mari, nous adorons regarder des films blottis l’un contre l’autre sur le canapé ! » ; « Tous les soirs, ma femme et moi mettons un point d’honneur à nous raconter nos journées à table. Nous avons banni la TV de la cuisine ». Autant de petites habitudes qui permettent de conserver des moments privilégiés, rien qu’à deux.

    4. L’estime de soi

    L’amour de soi est bien plus qu’un concept à la mode : c’est un véritable pilier pour se sentir bien, que l’on soit seul ou accompagné. Quand on apprend à s’aimer, à passer de bons moments seul sans l’autre, on est moins susceptible de devenir dépendant ou de rechercher une validation excessive de sa part. On sait affirmer ses limites, mais aussi recevoir les critiques sans se sentir blessé : tout cela permet de mieux gérer les conflits en couple. En somme, apprendre à s’aimer, c’est aussi apprendre à mieux aimer l’autre

    Pour Véronique Cayado : « Notre manière d’aimer dépend pour beaucoup de nos empreintes d’attachement au cours de nos premières années de vie. La sécurité affective que l’on a alors plus ou moins ressentie est très structurante dans l’estime que l’on se porte, comme dans ce que l’on attend de l’autre et de l’amour en général. Ce qui fait que durant nos jeunes années, on peut avoir l’impression de rejouer le même scénario amoureux avec des personnes différentes. Jusqu’à ce qu’on se raconte autrement, car rien n’est irrémédiable. Même si les empreintes restent, on peut les lire différemment, on peut en faire autre chose transformée par le regard et la présence d’un.e autre. »  

    5. L’acceptation de la défaillance  

    Personne n’est parfait, nous en convenons tous. Mais personne ne vit, non plus, sans petits et grands maux. Même ceux qui paraissent les plus solides connaîtront l’épreuve, la goutte d’eau de trop qui fera craquer l’édifice ou l’accident qui fera tout exploser en vol. « M’aimeras-tu encore quand je sombrerai ? ».

    Comme l’explique Véronique Cayado, « l’acceptation de la défaillance de l’autre est un constituant fort de l’amour qui dure. Mais cela suppose aussi la reconnaissance de sa propre vulnérabilité. C’est aussi, souvent, faire le deuil d’une vie idéale et prendre ainsi de la distance vis-à-vis de nombreuses injonctions sociales. »

    Parfois l’épreuve sépare, parfois elle régénère, elle cimente le lien. De nombreuses personnes, aujourd’hui plus âgées, racontent qu’elles se sont particulièrement rapprochées lors des grandes épreuves de la vie, où les faux semblants faisaient place à une vulnérabilité partagée.

    6. La communication

    La communication est le pilier de toute relation familiale, amoureuse ou amicale. Mais attention : parfois, on confond « communiquer » et « dire tout ce qui nous passe par la tête, sans filtre ». L’idéal est plutôt de s’exprimer avec honnêteté, certes, mais aussi en faisant preuve de délicatesse. Il est important de bien choisir ses mots et d’exprimer ses émotions sans accabler l’autre, en préférant le « je » au « tu ». Par exemple, on peut remplacer la phrase « Tu ne ranges jamais tes chaussures en rentrant, espèce d’égoïste » par « Je ne me sens pas respectée quand tu me laisses tout ranger derrière toi ».  

    7. La remise en question

    Dans la même lignée, la remise en question semble essentielle pour éviter qu’un petit conflit ne se transforme en bataille récurrente. Minimiser les reproches de l’autre, se montrer moqueur, bourru ou entêté, pratiquer le chantage émotionnel (« tu m’as déplu, je te fais la tête jusqu’à ce que tu culpabilises »)… Autant de défauts qui mettent à mal le couple et peuvent mener à la rupture. Face au grand ennemi qu’est la rancœur accumulée, il est essentiel de se remettre en question et de faire preuve d’empathie.

    Pour réussir à donner une issue positive aux conflits, il faut bien sûr communiquer, mais pas seulement. Si notre partenaire a des réactions particulièrement vives, il faut aussi savoir prendre du recul : y a-t-il des facteurs de stress dans sa vie ? Comment puis-je mieux le/la soutenir ? De même, se connaître soi-même et anticiper le moment où l’on va dire quelque chose que l’on regrettera est absolument essentiel. 

    8. La confiance

    Pouvoir compter sur l’autre : une autre réponse qui revient souvent chez les couples qui durent. Bien sûr, quand on pense à la confiance en matière de couple, on l’associe immédiatement à la fidélité. En réalité, cette notion va bien plus loin, notamment lorsqu’on avance en âge. C’est finalement l’idée de pouvoir compter sur l’autre, sur sa présence. De savoir qu’il ou elle est notre ancre, même pendant les tempêtes.

    Pour Véronique Cayado : « Le couple qui dure, c’est avant tout le lien qui dure. Et qu’est-ce que le lien sinon de “compter pour quelqu’un” tout autant que de “compter sur quelqu’un” ? Le soutien réciproque dans les moments essentiels est aussi de ce qui fait durer le couple. Le soutien concret bien sûr, mais aussi le soutien émotionnel, d’estime, toutes ces marques d’attention à l‘autre apportent réassurance, sentiment de sécurité et de confiance qui nous permettent d’affronter plus facilement l’épreuve. »  

    9. Le respect mutuel

    Nous vous en parlions dans un précédent article sur l’augmentation des divorces après 60 ans : aujourd’hui, le couple n’est plus le seul vecteur d’autonomie pour les femmes, au contraire. La plupart des femmes âgées ont eu une activité professionnelle et perçoivent aujourd’hui une retraite. Leur indépendance financière leur offre une liberté essentielle : celle de pouvoir mettre fin à leur couple si elles estiment manquer de considération.

    Dans un couple qui vit ensemble, cette considération passe notamment par le partage des tâches. Ce que l’on résume souvent à une question d’égalité est aussi et surtout une question de respect mutuel. En prenant sa part dans les tâches quotidiennes, on montre à sa partenaire que l’on agit pour qu’elle ait du temps libre, qu’elle ne s’épuise pas, qu’elle soit épanouie. On montre aussi que l’on est une personne indépendante, un adulte qui sait s’assumer : ça aussi, c’est séduisant !

    10. Des objectifs communs 

    Beaucoup de couples se reconnaissent dans la célèbre citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction. » Même si l’on vient de milieux, de pays différents, même si l’on a des caractères opposés, l’important est de partager des valeurs et des envies communes. 

    Par exemple, beaucoup de couples racontent que la retraite a été, pour eux, l’occasion de faire de nouveaux projets : déménager dans le sud de la France, voyager, commencer de nouvelles activités, rénover leur maison… Les projets cimentent le couple, surtout s’ils enthousiasment autant l’un que l’autre. De même, il est important de trouver un point d’entente sur des sujets clés : la famille (à quelle fréquence voulons-nous accueillir les petits-enfants ?), le lieu de vie (ville ou campagne)… Difficile de faire des compromis sur des enjeux aussi importants.

    Véronique Cayado conclut : « Le couple qui dure et qui vieillit ensemble a de quoi surprendre ! Il reste un fondamental de la relation amoureuse alors même que nous connaissons une révolution culturelle dans la construction des liens sociaux, avec une multiplication de liens d’appartenance faibles. Là où la recherche du libre choix de l’engagement et du désengagement devient la norme structurant désormais nos relations sociales, le “couple qui dure” demeure une réalité pour de nombreuses personnes avançant en âge. » 

    *Etude Couples-Familles-Ménages en 2016, INSEE

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