Le temps file et vos petits-enfants grandissent à la vitesse de la lumière… Cette année, ils viennent vous rendre visite pendant les vacances et, surprise : l’une des charmantes petites têtes blondes a laissé place à un(e) ado taciturne qui ne décroche plus un mot. Alors, comment retrouver toute votre complicité avec vos petits-enfants ados tout en évitant les bourdes ? Pour cet article nous avons fait appel aux conseils experts de Véronique Cayado, Docteure en psychologie, responsable d’études au Lab Autonomia.
Petits-enfants ados : Acceptez qu’ils changent sans déprécier ce qu’ils sont aujourd’hui
Véronique Cayado : « Voir ses petits-enfants grandir a quelque chose de tout à fait précieux. Mais il y a pourtant un âge que l’on voit approcher avec un peu moins d’engouement, c’est le temps de l’adolescence. Les représentations ne sont généralement pas tendres à l’égard des ados. Irrespectueux, égocentriques, écervelés, apathiques, colériques : les adjectifs ne manquent pas pour caractériser ces jeunes personnes en pleine transformation. Car l’adolescence c’est avant tout cela, une transformation physique, psychologique et sociale, sous fond de revendication à l’indépendance et à l’émancipation. Ces transformations ne sont pas évidentes à vivre, surtout quand les hormones s’en mêlent. Aussi, plutôt que de s’en moquer ou de déprécier ces signes que l’on qualifie d’ingrats, apprenons à préserver l’amour-propre vacillant de ces ados qui tentent, envers et contre tout, de donner le change.
En tant que grand-parent, il est normal de regarder avec un peu de nostalgie son petit-enfant grandir, car l’adolescence emporte avec elle certains aspects de la relation qu’on avait pu construire avec eux. Mais elle ne les emporte jamais complètement. L’empreinte est là. L’affection et la tendresse aussi. Cela s’exprime juste différemment. Il faut parfois se laisser le temps de se retrouver sur d’autres dimensions que celles qu’on partageait avec eux avant. »
Vos petits-enfants ados ont toujours besoin de vous, mais autrement !
Véronique Cayado : « Les compétences numériques quasiment instinctives de votre petit-enfant devenu ado peuvent vous laisser l’impression d’être démuni face à cela, sans rien avoir à lui apporter d’aussi intéressant. Sachez d’abord que c’est une sacré chance d’avoir un ado à ses côtés pour vous assister en cas de problèmes techniques. Par ailleurs, vous avez tant d’autres choses à lui partager. Des expériences de vie. Des leçons apprises dans l’épreuve. Il est possible que vos propos soient accueillis avec une certaine désinvolture, mais cela ne témoigne pas forcément d’un désintérêt de sa part. Voyez-le plutôt comme une difficulté à se positionner et une volonté de s’affirmer. Il est également tout à fait possible que ce que vous lui racontez lui glisse dessus, sur le moment du moins. Mais en réalité, qui n’a pas gardé au plus profond de lui, une habitude ou une histoire de son grand-parent, qui sur le coup paraissait insignifiante, et qui avec le temps gagne une saveur tout à fait délectable ? »
Apprenez à les connaître en partageant un bout de vous
Si vous ne voyez pas souvent votre petit-enfant, il est possible que vous ne connaissiez pas bien ses goûts ni son quotidien. Mais contrairement aux plus jeunes, les ados sont souvent avares en confidences ! Comment créer le lien ? Pour cela, rien de mieux qu’une expérience partagée. En fonction de vos possibilités, vous pouvez lui proposer une activité à faire ensemble. Aller au cinéma, acheter un livre, une BD ou un manga, etc. C’est un bon moyen de créer du dialogue sans sembler intrusif, d’échanger sur les points de vue des uns et des autres et d’en savoir plus sur ce qui l’intéresse.
Livrez aussi un peu de vous pour ouvrir le dialogue. Parlez des films que vous avez aimés récemment ; des amis avec qui vous passez du temps ; de vos souvenirs d’adolescence…
« Vous serez peut-être étonné par les questions qu’ils pourraient soudainement vous poser. Les ados sont loin de n’être intéressés que par leur monde à eux. Ils en ont besoin, certes, mais peuvent aussi tout à fait se montrer curieux de votre histoire. Ouvrir un dialogue en partageant vos souvenirs et vos centres d’intérêt lui donnera sans doute envie de s’ouvrir à vous. Vous allez apprendre à connaître l’adulte qu’il est en train de devenir. »
Petits-enfants ados : Ils ont besoin de leur espace vital !
Pensez à laisser de l’espace à vos petits-enfants. Quand on se sent frustré(e) de ne pas assez communiquer ou passer de temps ensemble, on peut avoir tendance à insister et à imposer des activités, au risque de créer du conflit. Acceptez que l’ado ait besoin de temps pour lui. Après tout, il est en vacances ! De même, il est fort probable qu’il ait souvent envie de communiquer avec ses amis à distance. À cet âge-là, le cercle amical revêt une importance primordiale.
Bien sûr, il ne s’agit ni de tolérer des comportements irrespectueux, comme la présence permanente du téléphone, ni de ne faire aucune activité ensemble. Tout est dans l’équilibre !
Pour Véronique Cayado « La patience est une vertu. Vos petits-enfants grandissent vite, et avec les années leur univers évolue, leur personnalité s’affirme de plus en plus. Parfois, leurs attitudes peuvent sembler provocatrices ou désinvoltes, mais souvenez-vous de votre propre jeunesse. Bien que la jeunesse s’exprime différemment à chaque époque, elle a en elle la quête de soi et l’affirmation de son indépendance, ce qui passe souvent par la remise en question des règles établies, parfois jusqu’à défier l’autorité. »
Discussion seniors-adolescent, il est important de communiquer !
Les codes langagiers peuvent bien évoluer au fil des générations, les “ref” (références) des uns ne plus être celles des autres, mais l’expression des sentiments et des émotions reste un intemporel. Cette expression, même si on ne la comprend pas toujours, à de la valeur. Les réactions émotionnelles complètement disproportionnées ou décalées de votre petite-fille ou petit-fils peuvent vous surprendre, voire vous énerver.
Néanmoins, comme l’explique Véronique Cayado, il est important d’accueillir leurs émotions. « Balayer d’un revers de main une colère ou une tristesse d’ado parce qu’elle n’a pas de sens pour nous, c’est passer à côté du malaise. On a tout à fait le droit de ne pas être d’accord avec sa manière de s’exprimer, voire même ne pas comprendre cette montée en puissance des émotions. Néanmoins, une émotion ne se réfute pas. La nier, c’est nier la personne qui la porte. Reconnaître l’émotion de son petit-enfant, exprimer ce que cela provoque chez nous, est plutôt sain. Cela permet généralement de calmer les tensions. Les grands-parents ont un rôle de soutien affectif et émotionnel très important, et la gestion des émotions en fait partie. »
Apprendre à gérer un conflit avec vos petits-enfants ados
Vous pouvez donc tout à fait recadrer la forme, en témoignant à votre petit-enfant que vous avez entendu sa colère :
- « Je vois que tu es vraiment en colère. Tu veux bien m’expliquer ce qui t’énerve ? »
- « Je comprends que tu te sentes sous pression. J’entends aussi que ça t’énerve vraiment… cependant, je te demande de ne pas crier ou utiliser des mots blessants. Tu peux dire ce que tu veux, mais calmement, d’accord ? »
Évitez les non-dits. Tout en vous montrant patients et compréhensifs, vous avez le droit de vous sentir blessés par le comportement de votre petit-enfant ado. N’hésitez pas à le lui exprimer, c’est important ! L’authenticité et l’expression de sa vulnérabilité est un ingrédient indispensable pour une relation de confiance. De plus, en lui parlant à cœur ouvert, vous lui permettez de prendre pleinement ses responsabilités et sa place d’adulte en devenir.
