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Joële Lafont, le goût de l’aventure au Guatemala

— Publié le 4 mai 2020

Joële Lafont, le goût de l’aventure au Guatemala

Une amitié d’enfance franco-guatémaltèque

L’histoire de Joële Lafont, 87 ans, est marquée par la rencontre, bien avant sa naissance, entre deux camarades de classe, l’un français et l’autre guatémaltèque, à la fin de la Première Guerre Mondiale. « Mon père, Daniel, a fait la connaissance de Joachim au Lycée Michelet de Vanves (92). Joachim n’avait pas de famille en France, alors ma grand-mère s’occupait de lui le week-end », débute Joële. Tels des frères, les deux garçons grandissent ensemble et semblent suivre le même chemin. « Mon père et Joachim se sont mariés pratiquement au même moment et ont eu leur premier enfant à trois semaines d’intervalle ».

Après avoir fini ses études d’architecture, Joachim et sa femme décident de rentrer vivre au Guatemala. La relation entre les deux familles se poursuit alors, tant bien que mal, par courrier, pendant près d’un demi-siècle. « À l’époque, l’aviation était essentiellement militaire, alors ma mère, grâce à des lettres échangées, maintenait le contact avec leurs amis guatémaltèques ».

Un jour pourtant, en 1968, Joachim débarque par surprise à Candé-sur-Beuvron. « Nous étions dans notre maison de campagne, se souvient Joële. Ma sœur est arrivée en voiture avec un monsieur. Papa s’est alors approché, il a reconnu Joachim, et là, ça a été l’effusion ». Les deux hommes laissent éclater leur joie de se retrouver après quarante années de séparation. Ils se promettent alors de perpétuer cette amitié de génération en génération. « C’était la première fois que je rencontrais Joachim, mon parrain, et j’ai tout de suite pris conscience de la chance d’avoir une famille d’adoption au Guatemala, explique Joële. Depuis ce jour, nous avons tous fait en sorte de faire perdurer cette amitié. Nous nous sommes retrouvés pour de grands événements familiaux, comme des mariages et des anniversaires, et maintenant Internet me permet de vivre, presque en instantané, les naissances de la cinquième génération. Quel bonheur ! », s’enthousiasme Joële.

La découverte du Guatemala et de ses sites Mayas

C’est à l’âge de 82 ans que Daniel et ses deux filles, Mireille et Joële, respectivement âgées de 53 et de 56 ans, se rendent pour la première fois au Guatemala. « C’était une véritable découverte, et je me suis immédiatement passionnée pour ce pays et la civilisation maya », explique Joële. S’en suivent de nombreux voyages au Guatemala pour découvrir les merveilles de cette culture, de l’ancienne cité Tikal à Livingston sur la côte Atlantique, du volcan Pacaya à la côte Pacifique et jusqu’au Lac Atitlán au bord duquel les Guatémaltèques ont fait construire une maison baptisée Candé, du nom de la commune française ayant marqué les retrouvailles entre les deux familles.

Après plusieurs séjours au Guatemala, Joële souhaite sortir des sentiers battus. « J’avais déjà visité de nombreux sites touristiques, explique-t-elle. Alors pour me surprendre, mon amie guatémaltèque Ivonne m’a fait faire une chose incroyable ». En effet, en 2017, lors de son sixième voyage, Joële, alors âgée de 84 ans, a la chance de monter sur une éolienne, car Paul, le fils de son amie, est l’ingénieur en chef qui a construit le premier site d’éoliennes au Guatemala : Eolico San Antonio. « Il y avait tout un processus de sécurité à respecter scrupuleusement pour arriver au sommet, mais être perchée à 90 mètres de haut, à 84 ans, fût une expérience inoubliable ».

éolienne guatemala

Et un défi en entraînant un autre, Joële décide de retourner au Guatemala, en février dernier, pour réaliser son rêve : visiter El Mirador, un site archéologique maya difficile d’accès, situé à la frontière mexicaine. Pour se rendre sur le site El Mirador, Joële, son neveu et leur guide prennent alors un hélicoptère, puis font une journée de marche dans la jungle afin de visiter les sites découverts par les archéologues.

El Mirador maya guatemala

« Nous avons survolé la région de Petén et on voyait apparaître les pyramides mayas au beau milieu de la jungle. C’était tout à fait extraordinaire ». À leur arrivée sur place, Joële et son neveu sont saisis d’émotion. « On se rend compte qu’on est privilégié : on est seul, en pleine jungle, parmi les singes hurleurs, sur une immense cité édifiée 600 ans avant notre ère et recouverte par la végétation ». Un privilège qui se voit doublé d’un exploit : Joële Lafont, alors âgée de 87 ans, devient la femme la plus âgée à avoir visité le site archéologique El Mirador. La liste des visiteurs du site, tenue par les archéologues, en fait preuve.

À noter que le goût de Joële pour l’aventure ne date pas d‘hier. « À partir de 1979, j’ai eu la chance de visiter des pays extraordinaires. J’ai d’ailleurs fait six treks sur la barrière himalayenne, au Népal, au Bhoutan et au Mustang et j’ai visité le Tibet, dès son ouverture au tourisme, en 1986 », précise-t-elle.

Les secrets de la vitalité de Joële Lafont

Mais où trouve-t-elle toute cette énergie ? Comme Jean-Paul Boudeville, le doyen des pongistes français, Joële pratique une activité physique régulière. Chaque jour, elle réalise une série d’exercices de gymnastique douce. « À l’époque, je n’étais pas ce qu’on appelle une grande sportive, mais j’étais déjà consciente qu’il fallait bouger, alors je me suis mise à la gymnastique après la naissance de mon troisième fils. Cette discipline, méthode Dr Ehrenfried, m’a permis de prendre conscience de mon corps », explique-t-elle. Pour l’anecdote, la professeure de gym avec laquelle Joële s’entraîne depuis 53 ans est âgée de 89 ans !

Par ailleurs, à l’instar du docteur Christian Chenay, le plus vieux médecin en exercice de France, Joële doit également sa santé de fer à de bons gênes et à quelques règles d’hygiène de vie simples. « J’ai la chance d’être née dans une famille où l’on vit vieux et en bonne santé. Après, j’essaie d’avoir une alimentation variée, je ne fume pas, je ne bois pas, je n’ai pas de traitement médical », explique cette ancienne ingénieure chimiste du CNRS.

Enfin, pour Joële, « bien vieillir » est aussi une question d’envie. « Il faut bouger, continuer à avoir des projets et ne pas trop s’écouter. Aujourd’hui, les personnes âgées se minimisent : elles s’interdisent de faire des choses parce qu’elles ne s’en sentent pas capables. Si je n’avais pas été entraînée par mon amie Ivonne puis par mon neveu dans mes différentes aventures au Guatemala, je ne les aurais surement pas réalisées, car j’aurais trouvé des freins liés à mon âge… Ils m’ont fait confiance et j’ai réussi ! », conclut Joële, avec le sourire.

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