Ils Font l’Alliance : entretien avec Nicolas Baudelot

— Publié le 11 juin 2025

Ils Font l’Alliance : entretien avec Nicolas Baudelot

Pour cette première édition d’Ils Font l’Alliance, série où nous mettons à l’honneur les parcours inspirants des entrepreneurs membres de la Silver Alliance, nous avons rencontré Nicolas Baudelot, PDG et cofondateur de Medicalib, une plateforme qui facilite la mise en relation entre patients et professionnels de santé à domicile. Découvrez les temps forts de cet échange riche et passionnant.

Comment êtes-vous arrivé à l’idée de créer Medicalib ?

Nicolas Baudelot : J’ai suivi un parcours assez classique au départ : école de commerce, puis un master spécialisé en finance. Ensuite, j’ai travaillé plusieurs années en finance de marché, notamment dans les matières premières. Et puis en 2017, j’ai rencontré Mathieu LARDIER. Sa mère est infirmière libérale et il avait déjà réfléchi à une idée : simplifier la mise en relation entre les patients et les professionnels de santé à domicile. On a creusé ensemble, et c’est comme ça qu’est née Medicalib. En parallèle de ma vie pro, j’étais aussi pompier volontaire, donc j’avais déjà une certaine sensibilité aux enjeux de santé, notamment auprès des personnes âgées les chutes, l’isolement, ce genre de situations. 

Et qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’être entrepreneur ?  Et quelles sont les difficultés que vous percevez ?

NB : Évidemment, ça dépend des périodes. Medicalib existe depuis un peu plus de huit ans maintenant, et les enjeux ne sont pas les mêmes qu’au début. Au départ, c’était surtout trouver la bonne manière de travailler, chercher des financements, convaincre des gens de rejoindre l’aventure. Ce que je trouve très positif dans l’entrepreneuriat, c’est qu’on voit concrètement l’impact de son travail : les succès sont en grande partie liés à ce qu’on a mis en place. Et quand ça ne fonctionne pas, c’est aussi un retour direct sur ce qu’on a fait même si, évidemment, le facteur chance joue toujours un rôle. 

Ce que j’ai aussi apprécié, c’est de pouvoir créer une entreprise qui me ressemble, organisée selon des valeurs et une vision qui me paraissaient justes. Cette liberté-là, c’est une vraie richesse.

Mais les défis évoluent avec la taille de l’entreprise. Aujourd’hui, nous sommes plus d’une quarantaine chez Medicalib. Ce n’est plus la même gestion que quand on était huit. La proximité avec les équipes change, on commence à structurer, à mettre en place un middle management. Ce sont d’autres problématiques, mais elles sont tout aussi passionnantes. 

Selon vous, quels sont les grands enjeux du secteur actuellement ?

NB :  À l’origine, Medicalib, c’était une plateforme de mise en relation entre patients et professionnels de santé à domicile, avec un vrai focus sur le soin à domicile. Et puis avec le temps, la plateforme a évolué pour devenir un véritable logiciel métier, pensé pour les professionnels de santé à domicile notamment les infirmiers.

Depuis la période du Covid, on a aussi développé une activité de prévention en entreprise. C’est un peu en décalage avec notre cœur de métier initial, moins centré sur les soins à domicile mais c’est un axe stratégique fort pour les années à venir.

La prévention est un levier essentiel, surtout dans le contexte du vieillissement de la population. Plus on agit en amont, plus on augmente l’espérance de vie… Mais surtout l’espérance de vie en bonne santé. Et pour moi, c’est ça le vrai indicateur à suivre : pas seulement combien d’années on vit, mais dans quel état on les vit

Et d’ailleurs, sur cette question de votre activité de mise en relation à domicile, est-ce que vous êtes impacté par la question des déserts médicaux ?

NB : Ce qui est intéressant quand on travaille avec les infirmiers et infirmières libéraux, c’est qu’ils représentent encore aujourd’hui la plus grande population de professionnels de santé en France. Ils sont plus de 100 000, répartis partout sur le territoire, et ils assurent une couverture quasi totale, 7 jours sur 7. Évidemment, la demande en soins infirmiers est forte, et l’offre est globalement là aussi. Mais parfois, on a des difficultés à bien faire le lien entre les deux.

C’est là que Medicalib a un vrai rôle à jouer : la plateforme permet de centraliser les zones d’intervention de chaque professionnel, ce qui nous donne une vision beaucoup plus fine du territoire. Grâce à ça, on est capable de proposer une réponse dans la majorité des cas même dans des zones moins bien couvertes. Là où une simple recherche par ville peut échouer, Medicalib, en s’appuyant sur les périmètres réels d’intervention, permet souvent d’avoir une réponse plus pertinente, voire immédiate.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre récente collaboration avec le Crédit Agricole ?

NB : Il y a eu une prise de participation majoritaire par une filiale du groupe Crédit Agricole : Crédit Agricole Santé et Territoires. Leur vocation, c’est justement d’organiser et de structurer l’offre de soins à l’échelle locale. Et ça fait sens, puisque le Crédit Agricole est historiquement très implanté sur tout le territoire, à travers ses caisses régionales. C’est aussi ce qui nous a poussés à nous associer avec eux. Il y avait une vraie cohérence entre leur ancrage local et le nôtre. On partage cette même volonté d’agir au plus près des besoins du terrain. 

Et de manière concrète, ça se décline comment ? Est-ce que c’est des actions sur le terrain ou c’est plutôt au niveau opérationnel de votre fonctionnement que ça a changé des choses ? 

NB : Je dirais qu’il y a un peu des deux : à la fois une vision stratégique commune et un travail opérationnel en cours. Aujourd’hui, on collabore étroitement avec le groupe Crédit Agricole, et en particulier avec sa filiale Crédit Agricole Santé et Territoires, qui a investi dans plusieurs entreprises de santé.

L’objectif, c’est de créer des synergies concrètes pour améliorer l’offre de soins. Par exemple, on est en train de développer l’accès à la téléconsultation sur certains parcours. On travaille aussi beaucoup avec les caisses régionales du Crédit Agricole, qui sont un véritable relais de terrain, pour déployer des actions autour de la prévention.

Et puis, de manière très concrète, Medicalib a été intégré à l’offre de Crédit Agricole Assurances. Tous les assurés bénéficiant du dispositif Ma Santé peuvent désormais accéder aux services de Medicalib de manière plus fluide, directement via l’application. Ce niveau d’intégration simplifie considérablement l’expérience par rapport à une demande classique en tant que particulier.

Comment voyez-vous Médicalib dans 10 ans ?

NB : L’idée avec Medicalib, c’est de continuer à faire grandir la plateforme et de rester un acteur clé dans le secteur. Aujourd’hui, on peut dire qu’on est le plus grand réseau d’infirmiers et d’infirmières libéraux en France, et l’objectif, c’est vraiment de poursuivre cette dynamique. On veut continuer à accompagner les soignants avec des outils simples, efficaces, qui leur font gagner du temps pour qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel : leur métier. On veut devenir, ou rester, leur outil du quotidien. Un vrai partenaire, que ce soit pour leur apporter de la patientèle ou pour simplifier toute la gestion administrative.

Et puis il y a notre deuxième axe, qui est la prévention. On veut vraiment renforcer cette partie-là, proposer un service de prévention plus global, plus structuré jusqu’à créer des parcours complets. L’idée, c’est que si la prévention fait ressortir des signaux faibles chez un patient, on puisse rapidement proposer une solution adaptée. C’est un vrai enjeu de santé publique, et on veut être à la hauteur.

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