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Jean-Paul Boudeville, le doyen des pongistes français

— Publié le 12 mars 2020

Jean-Paul Boudeville, le doyen des pongistes français

C’est à l’âge de neuf ans, le jour de Noël, que Jean-Paul Boudeville découvre le tennis de table. « Mes parents m’ont offert une raquette de ping-pong à Noël et j’ai tout de suite accroché, explique le doyen des pongistes français. Vous savez, à l’époque, ce n’était pas un sport très répandu ». En effet, en 1932, alors âgé de 14 ans, Jean-Paul participe à la création du club de tennis de table de Méru, une commune de l’Oise dont il est originaire.

Cette passion s’interrompt toutefois brutalement lorsque la Seconde Guerre Mondiale survient. « Ma jeunesse a été un peu foutue. Je suis parti faire mon service militaire en 1938 et la guerre a éclaté en 1939 ». Le jeune homme est alors affecté pendant trois ans à la base aérienne d’Istres.

Jean-Paul Boudeville championnat

Démobilisé en 1942, il rentre enfin chez lui pour épouser sa fiancée Léone, avant de s’installer à Beaumont-sur-Oise, dans le Val d’Oise, où il fonde le Sport olympique Persan-Beaumont (Sopb). Depuis ce jour, Jean-Paul n’a jamais cessé de pratiquer le tennis de table.

Un joueur pas comme les autres

Comme tous les mardis, Jean-Paul se rend à son entraînement de tennis de table pour préparer les compétitions départementales (D3) et les tournois vétérans auxquels il participe encore. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, partout où il se rend, le plus vieux joueur de ping-pong de France ne passe pas inaperçu.

« C’est toujours surprenant de rencontrer Jean-Paul la première fois, confie Benoît, 37 ans, pongiste en charge du bureau de l’association sportive. D’ailleurs, quand ses adversaires – des jeunes – voient son numéro de licence sur la feuille de match, ils se demandent s’il n’y a pas une erreur ». Il faut dire que Jean-Paul détient la deuxième licence de tennis de table du Val d’Oise (licence n°95 2).

Même s’il peine désormais à trouver des adversaires de son âge, le doyen des pongistes français a toutefois conservé son esprit de compétition. « C’est vrai que, même si je ne gagne plus aussi souvent qu’avant, j’ai toujours cette mentalité de compétiteur », précise Jean-Paul entre deux balles de ping-pong échangées avec Tao, son adversaire du jour, âgé d’une quinzaine d’années.

L’un des secrets de sa réussite ? Peut-être sa raquette : une Szabados (du nom d’un Hongrois multiple champion du monde de tennis de table dans les années 30) avec laquelle il joue depuis 85 ans. « J’ai acheté cette raquette en 1935 et je ne l’ai plus lâchée depuis », explique le plus vieux joueur français de ping-pong. Une raquette spéciale – et aujourd’hui introuvable – tout comme l’homme qui la possède. « Jean-Paul, il nous épate. Il a fait du tennis de table toute sa vie et, aujourd’hui encore, il continue de vivre sa passion. C’est vraiment un exemple pour tous les pongistes », conclut Benoit.

Les secrets de sa longévité

Si le tennis de table tient une place majeure dans le cœur de Jean-Paul, le centenaire a également pratiqué tout au long de sa vie de nombreuses activités sportives comme la boxe anglaise, le judo, le football, l’équitation ou encore la voile. « J’irai plus vite à vous dire les sports que je n’ai pas fait, plaisante-t-il. En fait, dès que je pouvais faire du sport, j’en faisais. Je me demande même encore aujourd’hui comment j’ai réussi à tout faire ».

Comme Christian Chenay, le plus vieux médecin en exercice de France, le doyen des pongistes français, qui reconnaît avoir toujours eu une bonne hygiène de vie, peut aussi compter sur ses bons gènes. « Il n’y a pas eu de problèmes particuliers de santé dans ma famille. J’ai d’ailleurs eu une arrière-arrière grand tante qui s’est éteinte en 1923 à l’âge de 103 ans », confie l’homme qui défie la science. « Mon cardiologue, tout comme le chirurgien qui m’a opéré il y a quelques années de la hanche, m’a dit que j’avais le corps d’un jeune sexagénaire », s’amuse-t-il. Une condition physique que les spécialistes expliquent en partie par sa pratique continue du sport.

Aujourd’hui, si sa vue commence à lui jouer des tours, Jean-Paul est toujours en forme. « Une forme relative, précise-t-il. J’ai quand même 101 ans. Je commence à avoir des problèmes de vue. C’est d’ailleurs peut-être ça qui me fera arrêter le tennis de table ».

Un ambassadeur du bien vieillir

« Pour moi, bien vieillir, c’est rester vivre chez soi en bonne santé, continuer à pratiquer une activité physique et transmettre son expérience aux plus jeunes, explique Jean-Paul qui réalise chaque matin une série d’étirements. Vous savez, beaucoup de personnes âgées abandonnent toute activité. Elles considèrent que, passé un certain âge, c’est fini. Moi je pense que le fait d’avoir toujours fait du sport au contact de jeunes pleins de vie m’a maintenu en forme ». D’ailleurs, selon plusieurs études menées notamment en Angleterre et au Japon, la pratique du ping-pong permettrait de se protéger de la maladie d’Alzheimer.

Convaincu des bienfaits du sport à tout âge, le plus vieux joueur de tennis de table de France, désormais très sollicité par les médias, accepte toutes les demandes d’interview pour atteindre son objectif. « J’essaye de prouver que continuer à faire du sport, même à un âge avancé, ça ne peut être que bénéfique, explique Jean-Paul. D’ailleurs, les bienfaits du sport, on les ressent rapidement : la résistance, le dépassement de soi… ».

Le doyen des pongistes français reçoit d’ailleurs régulièrement des retours positifs. « Après la diffusion d’un reportage, une femme m’a téléphoné pour me dire qu’elle avait vu ma routine sportive sur France 3. « M. Boudeville, j’ai vu les mouvements que vous faites chaque matin et je les fais aussi. Si vous saviez ce que ça me fait comme bien ! » Eh bien moi aussi, ça me fait du bien d’entendre ça. Mon objectif est atteint ! ».

Jean-Paul Boudeville Silver Alliance

En route vers les Championnats du Monde Vétérans 2020

Le prochain défi de Jean-Paul : participer aux 20ème Championnats du Monde Vétérans de tennis de table – une compétition internationale qu’il a déjà disputée en 1992 à Dublin à l’âge de 74 ans – organisés cette année à Bordeaux du 8 au 14 juin 2020.  5 500 pongistes vétérans, issus des quatre coins du monde, y sont attendus. « Je pensais qu’avec la présence des asiatiques, il allait y avoir une floppée de centenaires… mais non. Il y a bien un pongiste chinois âgé de 90 ans, mais je suis de loin le plus vieux joueur de tennis de table. Alors j’y vais surtout pour me faire plaisir, car je n’ai aucune chance de gagner, mais ce qui est sûr, c’est que je ferai de mon mieux ! », conclut Jean-Paul.

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