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Catherine Bréard, pionnière de la mousse au chocolat au Japon

— Publié le 27 mars 2020

Catherine Bréard, pionnière de la mousse au chocolat au Japon

L’aventure entrepreneuriale de Catherine Bréard débute en 2014, à 10 000 kilomètres de la France, au pays du Soleil-Levant. « Avec mon mari, Philippe, nous étions partis rendre visite à mon fils, Alix, installé au Japon depuis plusieurs années, explique Catherine. Alors qu’on se promenait dans les rues de Tokyo, mon fils m’a dit : « Maman, promets-moi qu’un jour, tu vas vivre de ta passion » ». Et là, c’est le déclic pour cette passionnée de cuisine originaire de Rouen. « Je me suis tout de suite dit qu’il avait raison, que j’avais encore des choses à vivre, et que si je ne le faisais pas tout de suite, je ne le ferais jamais », poursuit-elle.

Reprendre ses études après 50 ans

À son retour en France, Catherine, qui travaille à la direction de Pôle emploi, fait une demande de reconversion professionnelle qui est acceptée par sa hiérarchie. Elle s’inscrit alors au Cordon bleu, célèbre institut d’arts culinaires et de management hôtelier à Paris, dont elle sort diplômée un an plus tard.

Fin 2015, elle tombe sur une annonce pour participer à un concours de mousse au chocolat à Paris. Une annonce qui tombe à point nommé, car la mousse au chocolat, chez les Bréard, c’est avant tout une histoire de famille. « Quand mon fils était petit, il passait beaucoup de temps avec moi dans la cuisine et je lui faisais souvent de la mousse au chocolat. Il me surnommait d’ailleurs « Maman au chocolat » » raconte-t-elle. Très emballée par ce concours, la pâtissière hésite pourtant à s’inscrire : « Je me trouvais trop vieille pour participer à un concours, mais mon mari et mon fils m’ont, une nouvelle fois, encourager à vivre mes envies en me disant  « Vas-y maman, tu as attendu ça toute ta vie, que tu gagnes ou que tu perdes, le plus important c’est que tu te fasses plaisir » ». Dans le jury, on trouve des chefs de renom comme Guillaume Gomez, chef cuisinier de l’Elysée, et Gilles Marchal, ancien chef pâtissier du Bristol et directeur de la création de la Maison du chocolat. « Et contre toute attente, j’ai remporté le premier prix de la mousse au chocolat ! », annonce-t-elle avec fierté.

Entreprendre à plus de 50 ans

Peu de temps après, Alix, son fils et plus grand fan, lui fait une proposition inattendue, celle de venir le rejoindre au Japon pour se lancer, ensemble, dans l’aventure entrepreneuriale. « Il avait fait une étude de marché sur la mousse au chocolat au Japon et il s’était rendu compte que ce dessert n’était pas commercialisé », explique-t-elle. Le couple n’hésite pas une seule seconde et accepte la proposition. « Si on avait vraiment réfléchi, on ne l’aurait pas fait. On aurait forcément trouvé des freins », explique Philippe, le mari de Catherine, alors à la tête d’une direction de services informatiques de Pôle emploi.

Avant le grand départ, Catherine souhaite toutefois passer son diplôme de pâtisserie. Elle s’inscrit alors à l’Ecole de Boulangerie-Pâtisserie à Paris et obtient son CAP en septembre 2017, à l’âge de 61 ans. En parallèle, Catherine et Philippe essaient de déposer leur projet sur des plateformes de financement participatif pour obtenir les fonds nécessaires au démarrage de leur entreprise, mais les premières réactions sont loin d’être encourageantes. « On nous disait : « Votre projet, il est top, mais on ne peut pas le prendre pour deux raisons : ce n’est pas un projet tech et vous avez plus de 60 ans » », explique Philippe. Malgré cet obstacle, le couple ne se laisse pas abattre : il décide de faire appel au love money* et prend la décision de vendre tout ce qu’il possède. « On a finalement investi toutes nos économies dans notre projet. On a rendu notre appartement en location et vendu tous nos meubles ».

En octobre 2017, Catherine, Philippe et leurs 150 kilos de bagages s’envolent pour le Japon. L’aventure peut enfin commencer !

Pionnière de la mousse au chocolat au Japon

catherine et philippe breard

À son arrivée à Tokyo, le couple n’a qu’une idée en tête : faire goûter sa mousse au chocolat. « Nous ne savions pas si les Japonais allaient aimer, car c’était un produit qu’ils ne connaissaient pas », explique Catherine. Ils organisent alors des dégustations gratuites jusqu’en septembre 2018 afin de peaufiner leur recette. « Les Japonais étant moins portés sur le sucré, ma mousse au chocolat correspondait à leur palais ».

Après cette série de dégustations, le couple participe au marché de Noël de l’Institut français du Japon et le succès est immédiat : les petits pots de mousse au chocolat de Catherine Bréard partent comme des petits pains. « À partir de là, ce fut l’emballement du côté des épiceries fines, des grands magasins, des médias et, surtout, des clients, qui adorent le produit mais aussi l’histoire de cette femme d’un certain âge, française et battante. C’est une histoire de goût, de transmission, de passion », a résumé la pâtissière dans Le Parisien.

Les résultats sont tellement concluants que Catherine et Philippe obtiennent en mars 2019 un permis de travail de trois ans renouvelable au Japon. Le couple a réussi son pari : devenir pionnier de la commercialisation de la mousse au chocolat au pays du Soleil-Levant.

Vivre ses envies à tout âge, c’est possible !

Aujourd’hui, Catherine et Philippe cherchent des fonds pour poursuivre le développement de leur activité au Japon et en France, en pénétrant le marché de la distribution d’épiceries fines, l’hôtellerie, l’événementiel et la vente en ligne, mais les deux entrepreneurs font, une nouvelle fois encore, face à la frilosité des investisseurs. « On a créé une entreprise française, pionnière de la mousse au chocolat au Japon, qui propose un super produit et une histoire de vie authentique, mais personne ne veut nous prêter de l’argent parce qu’on a plus de 60 ans ».

Il faut dire que le couple de sexagénaires bouscule le monde de l’entreprenariat et casse les codes imposés par notre société. « En fait, en France, à chaque tranche d’âge, on nous met dans une case. À tel âge, il faut faire ci, à tel âge il faut faire ça… Et bien nous, on a refusé de rentrer dans une case, de suivre un schéma préétabli, et on est encore trop peu nombreux à avoir ce mode de pensée, à vouloir faire bouger les choses, explique Catherine. Alors le message qu’on porte aujourd’hui, c’est un message d’espoir. Il faut, à tout âge, oser ! Il y a tellement de belles choses à vivre ! ».

Et leur message d’espoir a parfaitement été entendu : la vidéo Brut qui relate leur aventure a été vue par plus de 63 000 personnes, le couple reçoit des centaines de messages de soutien qui proviennent du monde entier et leur histoire a même attiré l’attention du monde du septième art. « On a récemment été contacté par une société de production de cinéma londonienne. Elle souhaite adapter notre histoire sur grand écran » annonce Catherine, avec un grand sourire. To be continued…

* Le love money consiste à impliquer financièrement des proches (famille, amis…) pour obtenir les fonds propres nécessaires à la création d’une entreprise. Les proches deviennent alors actionnaires de l’entreprise.

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